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Rencontre avec Gilles David Derand, Président de l’association Initiative pour la Restauration écologique en milieu Insulaire (IRI)

Rencontre avec Gilles David Derand, Président de l’association Initiative pour la Restauration écologique en milieu Insulaire (IRI)

Gilles David Derand

Gilles David Derand

Président de l'association Initiative pour la Restauration écologique en milieu Insulaire (IRI)

Pouvez-vous vous présenter et présenter l’association ?

Après 25 ans dans le domaine de la conservation et de la restauration de la biodiversité insulaire dans le Sud-Ouest de l’océan Indien et dans le Pacifique, j’ai cofondé l’association IRI (Initiative pour la Restauration écologique en milieu Insulaire) en juillet 2020 avec l’idée de démontrer qu’il est possible de « réparer » des écosystèmes insulaires dégradés avec des moyens financiers et humains relativement limités.
L’IRI regroupe des naturalistes, écologues, professionnels ou amateurs passionnés de la conservation de la biodiversité, et s’est donné pour but de concevoir et mettre en œuvre des projets de restauration écologique, en lien avec les acteurs institutionnels et les acteurs locaux de la société civile, organisations non gouvernementales, et acteurs socioéconomiques.
Nos domaines d’intervention incluent les inventaires floristiques/faunistiques, diagnostics écologiques, lutte contre les espèces exotiques envahissantes, réduction de la pollution lumineuse, restauration d’habitats/d’espèces menacées, sensibilisation, éducation et formation de tous publics.

La Fondation Albioma a souhaité soutenir l’un de vos projets. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce dernier ? (origines, objectifs, etc.)

En 2021, une étude cartographique menée en partenariat avec le CIRAD visait à identifier et hiérarchiser les sites potentiels de restauration écologique à l’échelle de l’île de La Réunion. Elle a conduit à identifier la ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique) de la Plaine des Grègues comme site prioritaire pour la microrégion Sud de l’île.
Suite à la réalisation d’un plan stratégique pluriannuel de restauration écologique, l’IRI bénéficie depuis 2022 d’une convention annuelle de gestion du site attribuée par le Département de La Réunion, propriétaire d’une partie de la ZNIEFF classée en Espace Naturel Sensible (ENS), ce qui a permis à l’IRI de débuter les actions de restauration en mars 2022.
Par ailleurs, depuis septembre 2023, l’IRI est bénéficiaire d’un financement du « Fonds Vert » (Fonds d’accélération de la transition écologique dans les territoires) pour un projet sur trois ans, également soutenu par la Fondation Albioma, et qui vise à renforcer les populations d’espèces végétales menacées et/ou protégées et à expérimenter la restauration d’un habitat favorable au Gecko de Bourbon ou Gecko des Hauts (Phelsuma borbonica).

Pourquoi ce lieu, et pourquoi est-ce important d’y intervenir ?

Etant donnée sa situation géographique entre deux domaines climatiques (côte au vent/côte sous le vent), la forêt de Plaine des Grègues se caractérise par une diversité spécifique élevée, avec un pic de diversité pour la flore ligneuse à 650 mètres d’altitude (jusqu’à 50 espèces ligneuses dans 1000 m2).
De plus, le site abrite des vestiges de forêt de transition entre les secteurs « mégatherme semi-xérophile » (milieux secs, avec des espèces comme le Bois dur, Securinega durissima) et « mégatherme hygrophile » (milieux humides, avec des espèces comme le Bois de pomme blanc, Syzygium borbonicum). Il s’agit en fait de véritables reliques de forêt tropicale humide de moyenne altitude, habitat forestier dont il ne reste à La Réunion qu’environ 14 % de sa surface originelle avec, en bordure de rempart, une flore caractéristique des milieux semi-xérophiles, habitat forestier dont il ne reste à La Réunion qu’environ 1 % de sa surface originelle.
Par ailleurs, le site abrite différentes espèces menacées et/ou protégées à l’échelle aussi bien des forêts humides (ex. : le Bois de Papaye, Polyscias aemiliguineae – espèce à Plan National d’Actions ; le Bois jaune, Ochrosia borbonica ; le Bois de fer, Sideroxylon majus) que des forêts semi-sèches de La Réunion (ex. : le Bois de poivre, Zanthoxylum heterophyllum – espèce à Plan National d’Actions ; la Liane de clé, Hugonia serrata).
Enfin, le site de la Plaine des Grègues est facilement accessible en voiture et le terrain est quasiment plat, ce qui simplifie grandement la mise en œuvre d’actions de restauration écologique.

Quelles sont les spécificités de ce projet et en quoi s’inscrit-il dans des problématiques locales ? (endémisme, espèces exotiques envahissantes, utilisation traditionnelle des plantes, etc.)

En complément des actions déjà initiées depuis mars 2022 dans le cadre du plan stratégique de restauration écologique (lutte globale contre les Espèces Exotiques Envahissantes végétales, semis direct et plantations d’espèces indigènes, relance de l’acquisition foncière par le Département, etc.), le projet « Fonds vert » soutenu par la Fondation Albioma va permettre d’augmenter les populations d’une dizaine d’espèces végétales menacées et/ou protégées dont deux espèces ligneuses à Plan National d’Actions (PNA) – le Bois de Poivre (Polyscias aemiliguineae, espèce en danger critique – CR) et le Bois de Papaye (Zanthoxylum heterophyllum, espèce en danger – EN), et inclut aussi la réintroduction de deux espèces ligneuses en danger critique, le Palmiste blanc (Dictyosperma album) et le Palmiste Roussel (Acanthophoenix rousselii), ainsi que la restauration d’un habitat favorable au Gecko de Bourbon, dernière espèce de reptile endémique fréquentant les forêts indigènes de l’île.
L’inventaire des semenciers de ces espèces ligneuses menacées et/ou protégées, ainsi que la lutte ciblée (autour des semenciers) contre les Espèces Exotiques Envahissantes végétales, vont faciliter la récolte ultérieure de fruits utilisables en semis direct et/ou pépinière en vue d’accélérer la régénération du milieu.
Par ailleurs, les rats représentant une menace fortement suspectée pour la viabilité des pieds-mères et la survie des plantules de Bois de papaye et de Bois de poivre, un contrôle des populations de rats par piégeage sera très prochainement mis en place, avec un suivi mensuel à l’aide de pièges-photographiques.

Sur quels aspects va porter le soutien de la Fondation Albioma ? Que cela va-t-il permettre ?

Le soutien de la Fondation Albioma porte sur l’acquisition d’un véhicule qui va permettre, d’une part, de faciliter les missions de terrain (déplacements réguliers du chef de projet entre le siège de l’IRI basé à Saint-Pierre et Plaine des Grègues) et, d’autre part, de transporter les plants issus de la pépinière et destinés au reboisement des parcelles où les Espèces Exotiques Envahissantes végétales ont été enlevées.
Dans les mois/années à venir, quelles sont les futures évolutions envisagées pour le projet ?
A moyen terme, d’ici septembre-octobre 2024, l’IRI disposera de sa propre pépinière sur la Plaine des Grègues afin de multiplier une dizaine d’espèces ligneuses menacées et/ou protégées, ainsi qu’une dizaine d’espèces végétales indigènes et endémiques favorables au Gecko de Bourbon (ressources alimentaires et refuges).
L’objectif à moyen terme est également d’étendre le projet de renforcement à cinq autres espèces ligneuses menacées et/ou protégées qui n’ont été découvertes sur site que récemment : le Bois de pintade (Coptosperma borbonica – en danger), le Bois de nèfles à grandes feuilles (Eugenia bosseri et Eugenia mespiloides – vulnérable), Bois de papaye (Polyscias borbonica – en danger), et le Bois de prune (Scolopia heterophylla – en danger).
Enfin, une fois l’habitat restauré, notamment avec un milieu plus ouvert et des espèces végétales nectarifères, on pourrait assister à un retour spontané du Gecko de Bourbon ou bien envisager sa réintroduction sur site.